Elisapie

Style #Folk
#Pop

Le Grand Nord n’est pas à l’autre bout du monde, il est au centre du mien.

The Ballad of the Runaway Girl est une oeuvre marquante dans la carrière de l’auteure-compositrice-interprète Elisapie. Jamais elle n’a puisé aussi profond en elle-même pour offrir ces nouvelles chansons.

Sur cet album, elle parle notamment de ses différents défis personnels en tant que femme : l’enfant adoptée, la mère ou encore l’amoureuse. Et on y découvre, plus que jamais, une Inuk fière de ses origines qui travaille à la reconnaissance des difficultés historiques de son peuple.

D’un côté, des compositions inspirées qui dépeignent ses états d’âme. La chanson Ikajunga, par exemple, aborde un post-partum qu’elle a vécu. Mentionnons également Don’t Make Me Blue, qui raconte l’histoire d’amour d’une femme mature, ainsi que Rodeo, qui fait écho au désir d’Elisapie de quitter son village natal, Salluit, lorsqu’elle était adolescente. Il y a aussi la touchante Una, chanson de la réconciliation dans laquelle Elisapie demande à sa mère biologique ce qu’elle a ressenti quand celle-ci l’a donnée en adoption.

De l’autre, des morceaux à travers lesquels l’artiste prend position sur des enjeux sociaux touchant les Premières Nations et les Inuits. Sur Arnaq, Elisapie rend hommage aux femmes et aux filles autochtones disparues ou assassinées au Canada. Sur Ton vieux nom, unique titre en français, elle exhorte son peuple à réaffirmer sa fierté. Par l’entremise de l’aérienne Darkness, écrite avec Joe Jarmush de Suuns elle fait un clin d’œil aux communautés envoyées par le gouvernement au cercle arctique afin de protéger le territoire canadien.

On ne peut passer sous silence les quelques trésors de la musique inuit et autochtone qui constituent le point d’origine de ce nouvel opus, alors qu’Elisapie fouillait dans les archives de CBC / Radio Canada. Citons Call of the Moose, le chef d’œuvre de Willy Mitchell, qui est un cri du cœur pour la défense du territoire.

Il y a aussi Quanniuguma (qui signifie si j’étais un flocon), cette ode à l’animisme inuit, et The Ballad of the Runaway Girl, chanson écrite par son oncle. Non seulement cette dernière pièce fut une influence majeure quant à l’éveil musical de la jeune Elisapie, elle illustre à merveille le besoin de fuir sa réalité de l’époque.

Wolves Don’t Live by the Rules est une autre reprise. Ce morceau emblématique de la culture inuit a été écrit par Willie Thrasher. Enfant, celui-ci a été envoyé dans les pensionnats et a été coupé de sa culture, au point d’en oublier sa langue maternelle.

Les 11 morceaux de l’album s’imbriquent les uns dans les autres pour former une seule et même histoire, celle d’ElisapieThe Ballad of the Runaway Girl est un geste poétique de caractère, mû à la fois par l’urgence, la contestation, la douceur et la sensibilité. C’est une œuvre pleinement assumée qui lui permet de s’ancrer dans la vie, un manifeste artistique qui efface tout désir de fuite.

L’opus – coréalisé par ElisapieJoe Grass, et Paul Evans – a été enregistré live en grande partie dans deux chalets de bord de lac avec Robbie Kuster (Patrick Watson) et Nicolas Basque (Plants and Animals). D’autres collaborateurs ont ajouté leur pierre à l’édifice : Leif Vollebekk, Joe Jarmush (Suuns), Manuel Gasse, Jason Sharp, Natasha Kanapé-Fontaine et Chloé LacasseHowie Beck s’est quant à lui chargé du mixage.

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